Accueillir ce qui vient. Aurélie Beer est une art-thérapeute qui va droit vers ce qui est. Artiste accomplie, elle a exploré, observé, appris, vécu mille et unes expériences lors de ses nombreux voyages en Asie, Afrique et Amérique Latine. Collage, modelage, écriture, théâtre… L’art se moque des frontières.
Tout l’intéresse et ce dès son plus jeune âge. Enfant, en Belgique, elle organise des spectacles, coud avec ses grand-mères, montre des goûts affichés – elle travaillera d’ailleurs dans la mode. L’esthétique est omniprésent, elle saisit ces impressions.
La peinture l’attire, mais elle n’osera pas tout de suite s’y plonger. Jusqu’au jour où, dépassant ses résistances, elle choisit les toiles et le papier comme moyens d’expression primordiaux.
Soigner par l’art
Après de multiples séjours tout autour du monde, elle a posé ses valises à Paris. Son grand appartement vibre de couleurs, tableaux, pinceaux, crayons, piano, et de rencontres. Essentielles, intimes, dans des liens de guérison et d’énergie. « Dès mes 4 ans, je soignais les gens de ma famille. Je sens ce que les personnes n’arrivent pas à dire. »
De son besoin viscéral de création à la thérapie, le pas a été franchi lors de son séjour de 10 ans au Pérou. Elle se forme alors aux arts expressifs à l’institut TAE à Lima et à l’European Graduate School en Suisse plusieurs étés de suite. Les rencontres avec des artistes de tout horizon élargissent le sien et lui ouvre de nouvelles perspectives. Si elle est restée longtemps dans l’ombre, Aurélie sait désormais qu’elle peut aller dans la lumière, et exprimer ce qu’elle sent. Soigner les si nombreuses personnes blessées. Aider à accoucher d’eux mêmes les femmes et les hommes qui se sont perdus et ne savent plus où est leur place.
L’art expressif et le chemin de guérison
L’art expressif est un moyen de se révéler, d’atteindre des parts intimes de notre être et d’habiter le monde différemment aussi. Les masques tombent, les carcans n’ont plus de raison d’être. Laisser aller la main, le cœur, les couleurs, sans réfléchir. Le mental n’a plus de substance, il s’amenuise, disparait, et laisse la place à autre chose. L’essence même ? Les personnes qui viennent voir Aurélie ont une envie de changement, d’expression. Elles sentent qu’elles ont besoin d’un espace pour aller voir, pour aller explorer. Et ce n’est pas toujours rose, ce qu’il y a derrière. Alors on peint, on dessine, on parle, on crie, on redevient des enfants et puis on se remet debout.
L’enfant intérieur… Aller à sa rencontre, oui, mais garder le socle de l’adulte, il faut une ancre, autrement on risque de tomber dans des failles sans fond. Et puis l’adulte est là, il a survécu, il a vécu, il a construit. Il a besoin d’être reconnu pour ce qu’il a accompli, aussi. Les femmes qui viennent ont souvent été maltraitées, abusées. Aurélie leur redonne une impulsion vitale, pour qu’elles sortent de la victimisation et de la culpabilité. Les hommes, nombreux aussi, qui consultent ont besoin d’un accompagnement créatif, artistique. Ils osent retrouver leur féminin et le soigner. Alors ils deviennent « de grands hommes ».
« Qu’est-ce que je vais me donner pour me sentir bien, en santé ? ». Cette question, on doit se la poser, pour s’aimer, mieux se connaître et aller vers le chemin de la guérison. L’amour, ce mot sort souvent de la bouche d’Aurélie. « Plus j’arrive à donner de l’amour, plus les choses se débloquent ». Et il en faut de l’amour, pour soigner, accompagner, écouter, guider. Accueillir la transformation, la guérison, en soi, et pas dans le mental. « La réponse que l’on donne à sa vie, son parcours, à ses blessures, on doit la dire, la peindre, la nommer, la faire naître de nous » dit-elle en touchant son pubis, le chakra racine. Être dans la continuité de la vie et de l’amour, sans cesse.
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